Voyager avec des enfants : horreur absolue ou pur bonheur ?

J’entends régulièrement des gens qui me disent qu’ils rêvent de partir en vacances sans leurs enfants. D’un côté, je comprends l’envie de retrouver liberté et insouciance, je ne vais pas mentir et dire que c’est plus facile ou exactement pareil de voyager avec des enfants que sans. Mais personnellement, à chaque fois que j’ai réfléchi de partir sans eux, j’ai trouvé ça trop dommage qu’ils ratent ça, alors j’ai toujours fini par les prendre 😊

Je trouve notamment que ça renforce énormément le lien entre parents et enfants. Vivre des choses qui sortent de l’ordinaire ensemble, pouvoir ensuite s’en souvenir ensemble, ça crée de la complicité, de la cohésion, de la compréhension, qui sont ensuite hyper facilitantes pour élever notre enfant dans un cadre qui soit le plus harmonieux possible.

Evidemment, ça ne supprime pas toutes les disputes et tous les désaccords, mais le fait de partager quelque chose en amont et de sortir de la verticalité du “moi je sais je te montre” pour passer au “on découvre ensemble”, c’est un vrai game changer.

Ensuite, selon moi, une vie de famille épanouie, c’est une vie de famille où tout ne tourne pas seulement autour des besoins des parents, mais pas non plus seulement autour des besoins des enfants: je vois parfois dans les accompagnements une suradaptation d’un côté, ou de l’autre. Des gens qui ne vont pas supporter que l’enfant fasse un peu de bazar ou joue bruyamment dans le salon, alors que c’est aussi son espace de vie, ou au contraire qui ne vont plus du tout sortir pendant deux ans parce que l’enfant doit faire sa sieste et le laisser décider de tous les repas. Or pour que ce soit durable, ça doit être un mix des deux. Et ça vaut aussi dans le fait de voyager ou pas.

J’ai aussi souvent entendu que c’était “trop compliqué” de voyager avec un bébé. Personnellement, je trouve que c’est beaucoup plus compliqué de voyager avec un enfant d’un à trois ans qui dort déjà moins et qui a la bougeotte (mais pas impossible non plus !). Un tout-petit a généralement surtout besoin de sa mère, ou du moins de son parent le plus proche, pour se sentir en sécurité, et le reste, il s’en fout 😅. Et c’est là que je trouve finalement que contrairement aux idées reçues, être proche de son enfant va faciliter le voyage au lieu de le compliquer : quand ton bébé a l’habitude de s’endormir sur toi, il n’a besoin que de toi, où que tu ailles. Pas de lit, pas de mobile, pas de doudou. Si tu allaites ton bébé, ton lait est à disposition partout, tout le temps, sans problème pour chauffer le biberon et sans besoin de laver quoi que ce soit ou de calculer combien prendre de lait en poudre ou d’eau en bouteille. Certains vous diront qu’il faut privilégier le rythme de l’enfant, l’heure des repas, du coucher… Et je respecte ce point de vue. Mais selon moi, le plus important, c’est le lien d’attachement sécure. C’est moi, le lieu-sécurité. Et ça veut dire que mon bébé va là où je vais. Et je n’ai pas envie de rester enfermée.

Ensuite, je dirais que pour les enfants eux-mêmes, découvrir le monde par eux-mêmes a une valeur inestimable. On apprend beaucoup mieux quand on voit les choses, quand on les ressent, quand on les expérimente, que quand on se contente de lire les infos quelque part. On dit même que la lecture passive ne permet de retenir que 10%, alors qu’un apprentissage actif permet de retenir jusqu’à 90%. C’est dire l’importance d’être acteur dans l’apprentissage. Et lorsqu’on voyage, il y a des odeurs, des sensations qui vont s’associer à nos expériences et les ancrer beaucoup plus durablement en nous. Visiter des endroits peut aussi être l’occasion de parler de géologie, de l’influence de la lune sur les marées, de montrer à nos enfants des façons de vivre différentes de nous, etc. Et d’une manière qui va beaucoup plus capter leur attention que si on leur balance juste les infos comme ça. Cela dit, il n’y a pas toujours besoin d’aller très loin pour découvrir des choses ensemble, c’est certain. Il y a souvent plein d’endroits qu’on n’a jamais explorés dans sa propre ville ou sa propre région, et qui pourtant mériteraient de l’être.

Enfin, pour les personnes qui auraient peur de déranger les autres avec leurs enfants, et au vu de la tendance no kids qui se développe, c’est vrai que ça tient parfois du militantisme d’emmener ses enfants dans certains endroits. Quand je lis des commentaires de mamans qui disent “Je vais à l’hôtel sans mes enfants, c’est pas pour me taper ceux des autres”, je vous avoue que je suis sans voix. La triste vérité, c’est qu’on en est arrivés à un point où les gens sont tellement stressés que leur système nerveux ne supporte plus rien, y compris des mouvements ou des cris d’enfants (qui sont perçus comme un danger par notre inconscient). Mais ce n’est pas à nos enfants de s’adapter à nos systèmes dérégulés, c’est à nous de sortir de cette spirale infernale pour laisser l’enfance se faire comme elle se doit. Mais ça, c’est un autre sujet, encore plus vaste.

Pour en revenir au fait de voyager avec des enfants, je dirais qu’on en revient toujours à une question d’état d’esprit : il ne s’agit pas vraiment de dire si oui ou non il faut voyager avec des enfants, mais plutôt de savoir pourquoi on le fait, ou pourquoi on ne le fait pas, au-delà des idées reçues qu’on peut avoir sur le sujet.

Si tu veux aller plus loin sur le sujet, j’ai enregistré un épisode de podcast sur le sujet, que tu peux retrouver ici :

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