Nature, enfance et liberté
Quand je regarde les contenus qui font le plus réagir sur mon feed Instagram, je remarque que ce sont ceux où je parle d’enfants qui se salissent, qui jouent dans la neige et qui vont faire du feu en forêt. Des enfants libres d'explorer.
Je me dis que ça touche peut-être à la sensation de liberté dont les gens ont manqué quand ils étaient petits, ou à la liberté dont ils craignent que leurs enfants ne profitent pas assez. Et effectivement, entre le rythme de l’école, pour certains les devoirs, les activités extra-scolaires et toutes les autres contraintes, il n’y a parfois plus de place pour l’improvisation, la spontanéité et la contemplation de la nature.
Parce qu’il y a ça aussi : le fait qu’on oppose souvent nature et culture, nature et humain, nature et vie quotidienne. C’est peut-être la plus grande illusion de ce début de XXIe siècle : concevoir la nature comme quelque chose de séparé de nous alors qu’on en fait intrinsèquement partie. C’est peut-être aussi pour ça que l’idée de s’y reconnecter, de s’y replonger touche autant les gens. Parce que ça a trait à ce qu'on est au plus profond de nous, comme un rappel, une nostalgie.
Les esprits les plus scientifiques s'appuieront sur le fait qu'il y a une certaine bactérie dans la terre qui nous fait sécréter de la sérotonine quand on la manipule, ou que les molécules émises par les arbres nous aident à baisser notre niveau de cortisol et donc nous apaise. Les esprits plus tournés vers l'énergie parleront de s'aligner à un champ de fréquences différentes, et les plus pragmatiques argumenteront que si la forêt nous fait cet effet-là, c'est simplement parce qu'on y fait de l'exercice physique ou qu'on y respire de l'air frais. En tout cas, ça semble mettre tout le monde d'accord, pourtant on passe surtout des heures et des heures en voiture, assis à un bureau ou dans notre canapé. Et je m'inclus dans le lot.
D'ailleurs, il y a quelques jours, j'ai réalisé à quel point quand j'étais petite, je ne vivais pas vraiment le printemps. C'est quelque chose dont on parle à toutes les sauces à l'école maternelle (en tout cas, j'ai connu pas mal d'enseignants de maternelle et les saisons, c'était vraiment THE sujet phare), mais en fait, il s'agissait de colorier des fleurs, d'entourer le « bon » mot, de lire des histoires de lapin de Pâques. Donc c'était sur le papier, littéralement. C'était pas exéprimenté dans la vraie vie, dans la nature, en 3D. On ne sortait pas pour aller observer les bourgeons de près, sentir les odeurs, reconnaître les plantes. Le printemps, je le voyais de loin mais je ne le vivais pas vraiment. Et je crois sincèrement ne pas être la seule. Et quand j'y repense, je me dis encore une fois qu'on est vraiment tellement déconnectés d'une part essentielle de ce qui fait de nous des humains. Et que c'est pas étonnant, du coup, que les gens soient si sensibles à cette idée de liberté, de contact retrouvé avec la nature, pour eux-mêmes ou pour leurs enfants.
C’est comme un rappel inconscient de ce qu’on veut vraiment, de ce dont on a vraiment besoin en fait. Parce que oui, on peut aussi se sentir rempli des choses simples. Pour les enfants, c'est trouver le bâton parfait, faire des soupes de terre et tripoter des cailloux, pour moi, c'est trouver de l'alliaire pour en faire un beurre aromatisé. Je n’arrive pas vraiment à expliquer ce sentiment de satisfaction si simple et pourtant si précieux, que je ressens quand je me reconnecte à cette nature et que je peux y puiser de l'énergie et de quoi me nourrir, offrir un terrain de découverte et de jeux à mes enfants et me rappeler avec émerveillement qu’on fait tout simplement partie de cet incroyable grand tout.
Je ne sais pas si c’est mes mid-thirties en full swing😅, mais le fait est que même s'il y a toujours des aspects de la ville que j’adore, je me sens de plus en plus appelée par la nature et j’en ressens de plus en plus les effets bénéfiques. C’est vrai que j’ai la chance d’habiter dans une grande ville de laquelle la nature n’a pas disparu. Mais je le dis justement pour montrer que c’est bien possible, que ville et nature ne sont pas résolument incompatibles et que chacun peut aussi trouver des solutions pour vivre une vie qui le nourrit. Celle qui lui apporte le profond sentiment d’être à sa place ou au moins de profiter d’instants de liberté, si la liberté pleine est entière semble inaccessible.
Ça te parle ? Ou est-ce que je suis la seule à avoir ce genre de réflexion ? 🤣 N’hésite pas à m’envoyer un petit mail ou un message privé sur Instagram pour qu’on en parle !